DIFFICULTÉS. Le Musée populaire de la photographie (MPP) sera privé en 2016 de la subvention de 45 000 $ que lui accordait la Ville de Drummondville ces dernières années. Un dur coup pour l’organisme qui peine à joindre les deux bouts.
«Nous avons reçu une proposition de la Ville de Drummondville qui, de l’avis unanime de tous les membres de notre conseil d’administration, ne nous est pas apparue satisfaisante pour la bonne suite des choses», souligne Jean Lauzon, fondateur, qui a perdu temporairement son poste de directeur en décembre, faute de budget.
«Sans entrer dans les détails, cette proposition comportait des exigences de rendement financier qui nous paraissaient irréalistes d’atteindre d’ici septembre 2016 en plus d’annoncer un désengagement progressif de l’investissement d’ici trois ans. Malgré certaines offres d’aides techniques et professionnelles, peu précises par ailleurs, nous avons quand même cru bon de faire une contre-proposition que la Ville a refusé de considérer», précise-t-il.
À son avis, il ne considère pas que la rentabilité financière soit un objectif primordial et pertinent pour une institution muséale comme le MPP, un organisme à but non lucratif.
«Nous n’avons pas à atteindre prioritairement des objectifs financiers. Si l’on se concentre majoritairement à ça, pendant ce temps, on ne travaille pas sur nos activités et on oublie la mission première du Musée qui est de conserver notre patrimoine photographique. Je suis d’accord qu’il faut avoir un certain rendement, mais on ne peut juste pas fonctionner avec des ultimatums comme nous donne la Ville», soutient-il, tout en étant conscient que la fréquentation du Musée doit toujours faire l’objet d’une attention soutenue.
M. Lauzon estime que le MPP a fait beaucoup avec très peu de moyens depuis son ouverture et que cela devrait inciter la Ville à investir «plutôt que de se désengager».
«La Ville reconnaît notre importance ainsi que nos compétences et expertises, mais elle ne veut pas nous aider financièrement… Nous croyons qu’il y a simplement une incompréhension mutuelle quant à la vision des choses», laisse-t-il entendre.
«Certains élus ont pris des décisions sans avoir visité les lieux et sans connaître les tenants et aboutissants d’un cadre opérationnel d’un musée. Ils ne tiennent pas compte de notre réalité», dénonce Jocelyn Gagné, membre du CA et ancien conseiller municipal.
De surcroît, M. Lauzon et les membres du conseil d’administration se questionnent à savoir si les exigences de la Ville vis-à-vis du Musée sont les mêmes pour les autres organismes.
Les alternatives?
Le MPP vit actuellement sous le respirateur artificiel. Les membres du CA évaluent présentement toutes les possibilités quant à l’avenir du Musée.
«Les activités vont-elles fonctionner au ralenti? Devra-t-on céder le musée ou le fermer? Pour le moment, nous n’en savons rien. En ce sens, les résultats de la campagne de financement lancée en novembre seront déterminants», indique M. Lauzon, inquiet.
Cette collecte de fonds vise à amasser 60 000 $. Malgré de nombreux appuis sur les réseaux sociaux, les donateurs tardent à se manifester.
«Nous sommes conscients que le temps des Fêtes n’a pas aidé à la cause. Les prochains mois seront donc déterminants», affirme le dirigeant.
Ce dernier constate que les problèmes rencontrés ne sont pas uniques au MPP.
«La Société d’histoire de Drummond aurait aussi besoin de budgets à la hauteur de ses ambitions. La coopérative Axart a aussi connu son lot de difficultés et, comme elle, nous avons dû nous résigner à la mise à pied, que nous souhaitons temporaire, de nos permanents. À l’échelle nationale, le sort réservé aux arts et à la culture n’est guère plus reluisant, là où les artistes sont plus souvent qu’autrement considérés comme des amuseurs publics, l’art comme un loisir ou un divertissement et les oeuvres comme des objets bêtement décoratifs», admet-il.
Bref, M. Lauzon et le CA préfèrent malgré tout regarder en avant et poursuivre leurs efforts afin d’offrir aux visiteurs, toujours en croissance, des expositions et des services de qualité.
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